1. |
Le Poisson Rouge
03:42
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Je vis dans l’air liquide
D’une Terre en cristal
Je meuble mes espaces
D’un arbre sans racines
D’un navire échoué
Qui n’a pas mis la voile
Et d’un ciel interdit
Et de regards ovales
Mon père m’avait promis
Des voyages en eau bleue
Au gré des courants chauds
Vers des îles lointaines
Mais mon île est au fond
De ce bocal creux
Et toutes mes passions
Sont prises pour des jeux
On me nourrit de graines
Qui salissent mon eau
Ma chair est tendre et douce
Pour le chat du salon
Quand je respire à peine
On croit qu’ ce sont des mots
Je n’aime pas l’eau douce
Je n’aime pas les poissons
Ma mère m’avait promis
Des jours très amoureux
Près des filles fragiles
Et sous le chant des anges
Mais les amours s’en vont
Et laissent derrière eux
Les milliers d’illusions
Qui m’arrachent les yeux
J’invente des empires
Où je suis un géant
J’ai des amis de guerres
Et les nageoires en sang
Le dos couleur de cendre
L’amour qui tue l’amour
Ne faut jamais s’attendre
À mourir dans sa cour
Moi qui m’étais promis
De vieillir sans tempête
De mourir en vacances
À l’ombre d’une perle
Mais ma vie recom-
mence
Et traîne ses défauts
Je vais faire une danse
Pour qu’on change mon
eau…
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2. |
Les Sancoucy
02:21
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Lui.., se lève tôt le matin
Elle.., a déjà pris un bain
Et quant à s’aimer d’amour
Ne sont ni contre, ni pour
Il ausculte sa pelouse
Ses fleurs, son petit jardin
Fait tout sans son épouse
Et il s’en croit malin
N’est jamais en retard
Et a très peu d’amis
Ne sort jamais le soir
Lave l’auto le samedi
Ses grandes aventures
Se vivent surtout la nuit
Quand les voisins murmurent…
Dans leur lit
Elle meuble ses silences
D’un soupir à l’occasion
Et ses gestes de vengeance
Sont armés d’un chiffon
Elle adore ses enfants
Ça lui, le sait très bien
Et s’ils portent son nom
C’est qu’elle n’a plus le sien
Le souper tous les soirs
Est servi à cinq heures
Une visite au miroir
Qui la connaît par coeur
Elle met du brouillard
Tout autour de ses peurs
Et il est tard le soir…
De bonne heure
Il la voyait grande et belle
Elle le voulait tendre et beau
Ils ne sont que des voyelles
Qui n’habitent plus les mots
Juliette et Roméo…
Juliette et Roméo…
Juliette et Roméo!
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3. |
L'oiseau Jean-Baptiste
03:34
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Jean-Baptiste a nom d’oiseau
Il a l’aile du Corbeau
Un beau jour
Voulut aller parler aux hommes
L’odeur du nid n’était plus comme
Quand son père Aile d’Aigle
Lui chantait:
“Les oiseaux et les hommes
ne sont plus fait...”
“...pour vivre ensemble
Et si jamais l’homme te rejoint
Va plus loin
Et si tu deviens un Corbeau
Va plus haut
Et si la montagne te sépare
De c’ que tu fuyais au départ
Reviens le dire à tes amis…”
Jean-Baptiste est au village
Il y a cent ans qu’il voyage
Il demande
Aux hommes, s’ils n’auraient pas vu..?
Mais les hommes ne se rappellent plus…
Quel pays habite l’élan du Nord ?
À quelle rivière a bu le loup qui est
mort ?
Mais ils savent
Quand il n’y a plus de chemin
Ils vont plus loin
Et si la source ne donne plus d’eau
Ils vont plus haut
Et si la montagne les sépare
du but qu’ils visaient au départ
Ils la couchent comme un champ de blé
Jean-Baptiste fils de Corbeau
Enfants d’Aigle et d’animaux
Ont quitté le pays du temps de leurs pères
Ou sont morts au fond des rivières
Que c’est beau, que c’est beau
Vu d’en haut
Que c’est grand un pays sans enfants
Un matin
Un inconnu venu d’en bas
Nous a dit
Qu’il avait vu, comme il nous voit
Un oiseau
Mais les fils d’hommes ne l’ont pas cru
Et ce Jean-Baptiste qui fut vu
Est mort comme beaucoup d’oiseaux...
Inconnu…
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4. |
L'espoir aux Enfants
01:45
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Si l’amour n’a plus d’enfant
Les oiseaux vont en souffrir
On ne leur lancera plus de pain
Les fleurs seront sans jardin
On ne verra plus courir
Ni les lièvres, ni les oies, ni les
chiens
Il y aura, ça vous étonne
Une saison en moins
Hiver, printemps, automne
Une récolte de moins
Le vent boudera les moulins
Et les moulins, le grain
Et le grain ne pousse
Que s’il le peut bien
On ne parlera plus d’écoles
On ne parlera plus de rires
On ne tonsur’ra plus les moutons
S’éteindront les lucioles
Et je crois que sans mentir
Vont aller se noyer les poissons
On ne s’ra jamais nuage
Pour voir tout ça de loin
Être hors du paysage
Être au soir, le matin
Les papillons seront lourds
Et trop léger le pain
Le feu sera frileux
Et nos peines sans chagrin
Si les hommes n’ont plus d’amour
Que pour eux dans leurs amours
Y a l’ soleil qui voudra s’en aller
Y a l’ soleil qui pourra s’en aller…
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5. |
Les Fleurs de Plastique
02:58
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C’est que j’ m’appelle Monique Joli
Fille d’une Cloutier, femme d’un Germain
C’est drôle à dire mais j’ passe ma vie
À faire aux autres c’ qui m’ f’ rait du bien
Noël m’a dit: « Tu sais Monique
C’est ça ‘a vraie vie, cherche pas plus loin
On est comme des fleurs de plastique
Pareilles aux autres, pareilles demain! »
J’y ai dit: « Voyons, t’es fou Germain
Y’ m’ semble que j’ sens pas comme les autres
Qu’on pousse pas tous su’ l’ même terrain
Si toi t’es d’ même c’est pas d’ ma faute »
Mon père m’a dit quand j’étais p’tite:
« Si ça marche pas fait autrement »
Si j’étais pas poignée icitte
Je r’commenc’rais l’ cul par devant
Noël, Noël mon pauvre amour
T’as peur de toi c’est effrayant
T’as l’habitude de c’ qui t’entoure
Tu d’ viens plus vieux en vieillissant
J’voudrais qu’ tu m’ dises c’ que tu vois pas
Ça m’ f’rait d’ la jase pendant l’ souper
Ou qu’ tu m’écrives c’ que tu m’ dis pas
Fais-moi l’amour sur du papier
Faire des enfants y a pas rien qu’ ça
Depuis l’ temps qu’on vit dans l’ même lit
Faut braiser l’ feu quand y est trop bas
B’en l’ tien s’éteint pis l’ mien aussi
Y fait tempête dans ton manteau
Tu d’ vrais l’ouvrir pour voir c’ qui a d’ dans
M’a ouvrir le mien, j’ai mes défauts
J’te dirai où, tu m’ diras quand
Pendant le temps que j’ t’aime encore
Pis en attendant de n’ plus s’attendre
Noël, Noël vu qu’ t’est l’homme fort
Fait donc l’effort de me surprendre (Bis )
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6. |
Les Choses de ma Ville
02:59
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Les amours de ma ville passent à travers champs
Seront lacs immobiles au bout de leur courant
Feront de la rivière une amie de passage
À ces amants de Terre, amoureux de voyage
Qui n’ont, pour tout départ, que ces matins pareils
Aux couchés tôt le soir même s’ils n’ont pas sommeil
Les abois de ma ville sont les chiens d’un pays
Qui, les voulant dociles, leur achètent la vie
Ce sont des gens de sable qui coulent entre les lois
Ce sont des quinze à table qu’on habillait de foi
Qu’on offrait à la guerre sous le saint nom de Dieu
Alors que Dieu le Père ne demandait rien d’eux
Les élans de ma ville sont toujours à refaire
Les chemins difficiles qu’ont laissés nos grands-pères
Et tous ces mariages entre pluies et bourgeons
Assurent un passage aux fruits de ma chanson
Tu renaîtras, ma mère, du ventre de ma femme
Où la nuit prisonnière est le berceau de l’âme
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7. |
Au Bois Joli
03:18
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J’ai vu la fleur, j’ai vu l’abeille
La fleur a butiné l’abeille
L’abeille a éclos au printemps
J’ai pas vu ça… Ça f’sait longtemps
J’ai vu les oiseaux qui dansaient
Au bal de nuit chez les criquets
Sont venus me prendre la main
Dansé jusqu’au petit matin
J’ai vu deux ours et un serpent
Qui jouaient à colin-maillard
Avec les grenouilles de l’étang
Pas rit comme ça… Ça f’sait longtemps
J’ai vu Nez d’Or et Vent Magique
Les deux lutins de la rivière
M’ont fait voyage fantastique
De l’eau de pluie à l’eau de mer
Aime donc les oiseaux ma mie
Ils bercent les rêves
Couche-toi donc dans l’herbe ma mie
Elle calme la fièvre (Bis)
J’ai rencontré la Marie Jeanne
Princesse des nuits et des jours
Suivi de son vieil Antonin
Qui d’puis mille ans est troubadour
J’ai vu le lièvre, j’ai vu le loup
Le lièvre poursuivait le loup
Et le loup se cachait du lièvre
Et vive la pluie, vive le beau temps
J’ai vu des choses pas vues souvent
Comme papillons comme cerfs-volants
Papillons peints par les enfants
Cerfs-volants libres à tout vent
J’ai vu des choses bien plus tendres
Qui te feront plaisir à entendre
Te raconterai comment j’ai fait
Pour d’une fleur faire un bouquet
Si l’oiseau est de tes amis
Et l’ours et le lièvre
Ils t’emmèneront au bois joli
Belle Marie-Ève
Belle Marie-Ève
Belle Marie-Ève…
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8. |
Le Roi et la Grenouille
03:41
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Il avait si fière allure
Sous sa cape de plume d’oie
Rehaussait sa courte stature
D’une couronne longue comme le bras
Il marchait droit comme les clôtures
Il avait tout ce qu’on avait pas
En tout il aimait son allure
Des orteils jusqu’au bout des doigts
Il avait le nez un peu long
Mais savait bien le camoufler
En refusant à tous ses gens
Qu’on le regarde de côté
Et lorsqu’on était devant lui
On n’ voyait qu’un nez effilé
Son sourire cachant son ennui
Nous montrait les dents bien rangées
De son.....dentier
Un jour qu’il passe près de l’étang
Il s’entend appelé tout bas :
“Majesté, je vous aime tant
Je vous en prie regardez-moi! ”
Le Royal est tout ahuri
Excité par ces mots d’amour
Une dame n’a d’yeux que pour lui
Il regarde mais ne voit rien autour
C’est alors qu’il baisse les yeux
Et la voit sur un nénuphar
Celle qui le prend pour un dieu
Il veut s’enfuir mais il est trop tard
La grenouille lui fait les yeux doux
“Une comme moi tu ne t’attendais pas?
Je n’suis pas si jeune que tu le crois
Plus que toi j’ai vu planter des choux
Mon chou…mon chou”
Et le roi ne sait plus qu’inventer
Après tout il faut être gentil
Je ne perds pas tout, je suis aimé
Qu’on l’admire un peu ça lui suffit
“Ce n’est pas ça mademoiselle
Je vous aime bien que je sois roi”
Mais c’est que vous n’êtes pas du tout belle
Ça, il le pense mais il ne le dit pas
La grenouille voit bien son manège
Mais il y a qu’elle est folle de lui
Il veut la perdre lorsque viendra la neige
Mais elle l’aime, elle l’aime à la folie
“Gentil roi vous êtes si beau
J’en peux plus et j’ose vous supplier
N’ayez crainte de tomber à l’eau
Bel amour venez m’embrasser
Su’ l’ bout, su’ l’ bout…du nez”
L’embrasser s’en est un peu trop
Pense le roi qui cherche ses mots
“Comme vous le dites, je suis très beau
Et j’ai trop peur de tomber à l’eau”
“N’ayez crainte de perdre le pied
Et d’écorcher votre peau si tendre
Car je saurai bien vous la soigner
Venez donc vos lèvres me tentent”
Insulté le roi s’écria:
“Je n’ai pas peau de jouvencelle”
Mais c’est que vous n’êtes pas du tout belle
Ça, il le pense mais il ne le dit pas
Exaltée, elle saute sur son pied beau
Lui s’énerve, il crie, lève les bras
La belle couronne tombe à l’eau
Veut la rattraper.., mais sur le petit dos..,
Glisse et…se noie
La morale de cette histoire
C’est que ceux qui se prennent pour des rois
Pour des reines ou pour des gens de gloire
Savent bien au fond qu’ils n’en sont pas
Ils se perdent pour sauver l’allure
Qu’ils se donnent pour se faire aimer
S’ils vous disent: “Vous avez belles parures”
C’est pour que les leurs vous remarquiez
Et se sont toutes les amoureuses
Ou bien encore tous les amoureux
Qui sont toujours les plus malheureuses
Ou bien encore les plus malheureux
Les grenouilles n’ont pas fière allure
Mais au moins elles savent nager
Un dernier conseil sur les enflures
Tous ceux qui ont les dents bien rangées
Ne portent pas toujours le dentier
Sur ce, merci beau……
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9. |
Les Trois Petits Cochons
03:20
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Sur une ferme orange
De jeux et de lilas
Au royaume de la grange
Trois cochons étaient rois
À métier difficile
Et sans grande aventure
Les trois jugèrent utile
D’y faire la dictature
Le premier qui était bête
Et con comme un cochon
Prit deux vaches, six poulettes
Chiens, chats et canetons
L’ second qui était laid
Et boîteux du devant
Prit cheval et jument
Boeufs, moutons et baudets
Et le troisième qui était fin
Et maître en savoir
Prit…faut me croire
Le lait, les oeufs matin et soir
La laine des moutons
Le cuir des chevaux
La chair des bouvillons
Les chatons et les chiots
Et puis les champs de blé
Et les moulins aussi
La famille du fermier
Les gréements, les outils
Maisons et bâtiments
Les lacs et les rivières
L’auge à cochon d’ses frères
Et l’enclos qui va d’vant
Il prit aussi...
Les deux cochons, merci!
Il s’ensuit un carnage
Chez tous les animaux
On ferma les villages
Mit les hommes en enclos
Ceci dura longtemps
Long temps qu’il faut avant
Qu’un enfant soit vieillard
Qu’une poule devienne renard
Et puis un jour béni
Vint la révolution
Après qu’ils eurent appris
Qu’ils n’étaient qu’ trois cochons
Dix milles hommes sans métier
Bâtirent une vengeance
D’animaux en souffrance
De villages oubliés
Les trois cochons se sont enfuis
Quand ça n’ va pas
Le mot se dit:
« Le pays fuit, fuyons l’ pays »
Le premier est parti
Étudier en enfer
L’ second s’y est mal pris
Il est mort pour ses frères
L’ troisième qui était fin
Et maître du savoir
Fit savoir à ses chiens
Qu’on n’ voulait plus le croire
Mais on crut les suivants
Qui vinrent nous conter
Les mêmes folies qu’avant
Dans des mots pleins d’été
Et puis demain...
Faudra tout r’commencer
Trois fois passeront
Trois petits cochons lonlère…
Cent fois reviendront
Faudra une autre chanson…
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10. |
Le Roi, le Fou et le Rat
05:24
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Il était un roi et un fou et un rat
Firent le serment que je vous chante là
Le roi dit au fou et le fou dit au rat
Le rat dit au roi: “Diantre, ce sera moi”
“Je serai celui qui par tous les moyens
Amèn’ra à lui le plus de citoyens
Autant voyageurs que nos gens villageois ”
Voilà, voilà bien le pari de ces trois
“Comme je suis le roi, le maître et le seigneur
Que l’on fasse un bal, qu’on envoie les crieurs
Dans tout mon royaume je veux que tout
l’ monde y soit
Nobles ou taverniers, les gueux et
hors-la-loi ”
“Oyez du pays, bons et mauvais sujets
Le roi vous convie d’honneur à son banquet
Bonne chair, bon vin, danses et troubadours Venez, venez gensses y a festin à la Cour ”
Et le bal venu la noblesse fit honneur
Quelques vieux marchands, un Prévôt, deux Prieurs
Mais aucun manant, ni gueux, ni hors-la-loi
Il eut l’amitié des richesses qu’il donna
Le fou dit au roi: “Sire, vous voyez bien
Que le pain est à ceux sachant moudre le grain
Les gens du pays n’ont pas l’âme à danser
Ils ont trop à faire les rois eux…pas assez! ”
“Comme je suis un fou, un as et un moqueur
Je ferai demain rire tous les Seigneurs
Autant les muets, vos serfs et les truands
Que les moines, les femmes, les soeurs et les enfants ”
Et sur la grande place, dès l’aube, on entend :
“Approchez sans peur, je ne prête ni ne vends
Mais je conte à qui veut en quatrain bien chanté
Défauts et faiblesses de toutes qualités ”
Il a tant parlé, tant fait en moquerie
Très peu ont dansé beaucoup se sont enfuis
S’est retrouvé seul en plein alexandrin
La place était vide même du plus vilain
Le rat dit au fou : “Tu vois triste bouffon
Qu’on n’attire pas l’abeille en s’ moquant du bourdon
Les gens n’ont pas l’aise de tous si bien parler
Ils aiment le silence les fous eux…pas assez ”
“Par ma queue de rat jamais je n’ai tant vu
De fous et de rois aussi peu reconnus
Je vais au village y quérir tous ces gens
Car ils viendront tous, ça j’en fais le serment ”
Passant par l’Auberge, il goûta les fromages
Traversa les tonneaux de vin à la nage
Mordit les talons dont celui du notaire
Fit tomber l’ Prieur dans l’ pain d’ la boulangère
Fit peur aux enfants, vola l’écu d’un gueux
Sifflant et mordant même de braves gens heureux
Fit tant et si bien causa si grands malheurs
Que tout le pays fut debout en une heure
S’en fut à la hâte aux portes du château
“Ouvrez, ouvrez-moi je crois qu’ j’en ai fait trop
Tout l’ pays est là du Prévôt jusqu’au chat ”
Quand les portes s’ouvrirent…tout l’ pays y entra
N’en prit pas longtemps avant que le château
Fut plein, débordant des geôles jusqu’aux créneaux
Le roi dit au fou et le fou dit au rat:
“Voilà, voilà bien ce qu’on ne voulait pas ”
Le roi s’est enfui y laissant sa couronne
Le fou se fit moine pour que Dieu lui pardonne
Le rat lui est mort d’avoir trop bien voulu
Faut de la mesure pour quel que soit le but
Faut de la mesure pour quel que soit le but
Faut de la mesure pour quel que soit le but
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11. |
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L’homme bâtit ses empires
Aux innocents des guerres
Et quand la paix respire
C’est l’air qui manque d’air
L’air du temps qui nous pousse
Met du temps à comprendre
Qu’ c’est au bout de sa course
Que l’homme ira se pendre
On s’interdit nos voix
On refuse nos gestes
Et le peu que l’on voit
Ferme les yeux sur le reste
Penser sa vie tout haut
Pour la vivre à voix basse
Autant pisser dans l’eau
Pour démarquer sa race
La race naît de l’homme
Lorsque l’homme naît de l’âme
Le fruit n’est pas de pomme
Si l’arbre n’est pas de femme
Femme tu sais j’envie
Ton passé qui me hante
Et l’enfant qui prend vie
Au dev’nir que tu chantes
Là où l’enfant n’est pas
Le vide y est à l’aise
Il suffit qu’il y soit
Pour lui dire qu’il se taise
La punition des mots
N’est pas sans récompense
On ne sent bien le beau
Qu’en regard du silence
Mais…
Qui n’a de terres en doute?
Mais…
Qui n’a de terre…en doute!
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12. |
L'Ermite
04:26
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Il habite au pays des idiots solitaires
Dans une maison où tu n’vivrais pas mon frère
Elle est grise en hiver, en été elle est grise
Elle prend sa lumière par où elle prend la brise
Il parcourt le temps de lents et longs silences
On n’ le voit pas souvent, il n’attire pas l’enfance
C’est son chien qui le nomme car il n’a pas de nom
C’est c’ que disent les hommes et ça..., ça en dit long
L’ermite, l’ermite…
Quand un vieux du village dit qu’il le connaît bien
“C’est l’enfant d’une sauvage et d’un père vaurien ”
Ça nous donne l’excuse de n’ pas le trouver beau
De dire qu’il est fou qu’il ne connaît pas l’eau
Mais ses pas sont si doux, c’est vrai qu’il n’est pas beau
C’est un fou après tout qui ne pollue pas l’eau
Il ne dit jamais rien c’est de bonne sagesse
Y’a vraiment qu’ les gens bien pour parler comme ils vessent
L’ermite, l’ermite…
C’est un tendre j’en suis sûr, un innocent coupable
De trop frôler les murs, manière détestable
De se sentir petit, de trop baisser les yeux
D’avoir fait de sa vie, un sujet à curieux
Ai-je tort ou raison après tout je m’en fous
Il n’aura d’autre nom que le beau nom de fou
Qu’il habite sa coquille d’enfant mal-aimé
Il ne viole pas les filles, laissons-le donc passer
L’ermite, l’ermite…
Est-ce que ça lui fait mal ? On n’en sait vraiment rien
Ce n’est qu’un animal, mais au fond on le craint
Quand il vient au village, il n’y a pas un salaud
Pour lui dire au visage c’ qu’on lui crache dans le dos
Quand lui viendra la mort qui ira l’enterrer ?
Ce n’ s’ront pas les remords qui vont s’y bousculer
J’écrirai ma chanson sur un bout de papier
Elle suivra ceux qui vont… Comme moi l’oublier !
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13. |
Marie Motel
02:48
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Elle habite un cinq pieds et d’mi
Ça va faire bientôt quarante ans
Qu’elle l’entretient pour des amis
Qui n’ la visitent jamais longtemps
Elle garde nos secrets au grenier
Sous sa chevelure éolienne
Comme un bouquet de ballonnier
Gonfle nos joies, crève nos peines
Marie se cherche un colocataire
Pour déneiger ses hivers
Mais pour refleurir son printemps
Marie cherche un appart…amant
Elle accueille le coeur grand ouvert
Les chats bottés, les chiens errants
Y a qu’un trou dans son univers
Ses amours sont itinérants
Ses bras balcons bercent les nuits
De ceux qui vivent des jours trop
longs
Mais si elle est seule passé minuit
Marie redevient Cendrillon
Marie se cherche un colocataire
Pour déneiger ses hivers
Mais pour refleurir son printemps
Marie cherche un appart…amant
Son ventre creux se nourrit mal
À sa table où, y’a pas d’enfants
Son masculin est un chien mâle
Qui a peur des chats et qu’elle défend
Marie au jardin de ton corps
Y a plein de fleurs, y a plein d’abeilles
Y a plein de miel plein de trésors
Qui s’ meurent à l’ombre de ton Soleil
Marie r’mets tes cinq pieds sur terre
Allume un peu tes hivers
Et si ton feu s’éteint tout l’ temps
Fais ta valise, Marie fous l’ camp
Marie r’mets tes cinq pieds sur terre
Demain c’est loin comme hier
Va te faire l’amour au présent
Marie, Marie, Marie fous l’ camp
Marie, Marie, Marie fous l’ camp
Marie, Marie, Marie fous l’ camp
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14. |
La Vie m'obstine !
03:01
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Le moins t’en dis plus on suppose
Que c’ que t’as pas dit veut dire autre chose
On a tous l’air de c’ qu’on n’est pas
On est sincère mais on s’ comprend pas
Quand on a l’ bonheur malheureux
C’est le temps d’être un peu obstineux
La vie m’obstine, j’obstine la vie
Ça prend plus de temps que d’génie
Pour ne pas perdre mes amours
En mêm’ temps que d’ gagner ma vie (Bis)
Y faut pas croire tout ce qu’on raconte
Y en a tellement qui sont menteurs
Faut voter pour son propre compte
Avant d’aller voter par coeur
On met sa croix où c’est qu’on peut
Le Christ était pas obstineux
On change de coeur à tous ‘es étés
Y a trop d’ belles filles qui sont mal aimées
Quand nos amours ont trop d’ prénoms
On mêle les mots pis on perd le ton
On n’ dit jamais les mots qu’on veut
Faut croire qu’on est tous obstineux
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15. |
Bla, Bla, Bla...
02:48
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Tant de petits bla, de petits bla, de petits bla
Tant de petits bla, de petits bla, bla, bla…
On pousse des cris, on chiale su’ ‘es mots
On s’ les écrit à plein journaux
L’amour, la haine c’est parallèle
Que l’un nous peine, l’autre s'en rappelle
On s’apostrophe, on s’ paraphrase
On fait son tough ou on s’écrase
Pour donner un sens aux girouettes
Faudrait d’abord qu’ le vent pousse drette
La paix sur terre, les pieds dans l’eau
C’ comme un éclair quand y fait beau
Un gros flash d’une demi-seconde
Comme dire : ‘’Aie man..! On change tu
l’ monde ‘’
On capitalise l’univers
On s’entreprise à cent pour cent
On place à termes son découvert
On banque de sperme, on banque de sang
On quête un vrai sens à sa vie
Tout comme on quête un peu d’argent
Tout c' qu’on dépense n'a pas de prix
Pis tout c' qu'on nous prête, on nous le r’vend
Ce n’est pas le fruit du hasard
Si la pluie neige au Sahara
Quand on s’ met dans l’ cul un pétard
C’ qui sort du siège nous r’ tombe s’ ‘es bras
En grand héros les Papes ont dit :
‘’Votre mal de peau on s’en crucifie
On vend le ciel qui est notre affaire
P'tite lune de miel, grand bout d’enfer’’
L’Église des pauvres est tellement riche
Qu’ j’ai p’us les moyens d’avoir la foi
Les prêtres se sauvent, les sœurs s’en fichent
Y a plus un chrétien qui porte ma croix
Pendant c’ temps-là, l’argent divine
Contamine tout le planétaire
Ça va prendre plus qu’une aspirine
Pour qu’on m’enlève mon mal de Terre
La Terre est ronde aux quatre coins
D’un monde qui tourne horizontal
Pour quinze secondes où ça va bien
Y a un bon trois semaines où ça va mal !
On sait très bien comment ça s’parle
Mais on sait plus pourquoi ça s’ dit
C’est pas de mourir qui est immoral
C’est de vivre si peu, pis si petit
Bon j’ai fini de bla, bla, bla…
Ah oui..! Pour ceux que ça intéresse
Y ont des surplus au Nigéria…
Du lait en poudre… Y en reste, y en reste
Et bla, bla, bla…
Et bla, bla, bli…
Y ont même pas assez d’eau pour faire pipi…
Et bla, bla, bli
Et bla, bla, bla
Bon là c’t assez… Seb… Éteins-moi ça
|
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16. |
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J’ai mis mon pack sac sur mon dos
J’ai dit à Bilodeau :
‘’J’ m’ennuie, j’ m’en r’tourne en Abitibi !’’
Y m’ dit : ‘’ Attends j’ai rien à faire
Le temps d’ prendre mes affaires
J’ai l’ goût d’aller voir ça moé aussi…’’
Fait qu’ j’embarque dans l’ char de mon chum
Mais il l’a trouvé moins l’ fun
Quand y s’est aperçu qu’après cinq heures on ‘tait pas rendu
C’est l’ Blues du parc La Vérendrye
Beautés d’Abitibi
Le blues où on fait rien que
Rouler jusqu’au Témiscamingue
C’est l’ blues d’ la toune des 400 milles
Plein d’ beaux rêves qui défilent
Accrochés à nos coeurs
Comme des kécannes à nos bumpers
C’est l’ blues où y’a ben, ben des lacs
Pis plein d’ ben, ben beau monde
Dans ben, ben, ben d’ l’espace
Sur ben, ben long, long, ben longtemps
Ça roulait bon comme c’était long
Bilodeau avait chaud
Aie..! On traversait à peine Louvicourt
J’ai dit : ‘’ Prends ton mal en patience
Tu vas voir la différence
Entre un grand raccourci pis un p’tit détour’’
On a fourché vers Obaska
Viré gauche à Belcourt
Frôlé Rivière Héva viraillé d’in rangs
d’ Colombourg
On est resté deux, trois, quatre jours
J’ai r’vu tous mes amours
Bilodeau voulait pu s’en r’venir
Y m’ dit : ‘’ J’ai pas vu ci, pis ça !
À peine l’Île Nepawa !
Encore un p’tit tour avant de r’partir !’’
Fait qu’ je r’saute dans l’ char de mon chum
Pis nous r’v’là r’parti s’ une run
On roule toujours encore, on roule, on roule plein cap au nord
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17. |
Les Amis Môman...
02:25
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Y a les amis d'enfance
Amis accoutumances
Amis de circonstances
Amis par insistance
Comme ceux trop ben assis
Juste au pied de mon lit
Mes amitiés sont compliquées môman…
Amis séparation
Amis réparation
Amis de confession
Amis désillusion
Amitiés courtepointes
Pis les autres en pièces jointes
J'ai l'amitié éparpillée môman... Oh! Oh! Oh! (Bis)
Amis colleux, collants
Ou ben toujours absents
Amis pour passer l' temps
Les amitiés coup d' vent
Amis d' mes p'tites misères
Ou d’ ma grosse caisse de bières
J'ai des amis plus qu'il m'en faut môman...
J'ai plein d’amis Facebook
Jusqu'à Puvirnituq
Amis 6/49
Qui veulent la poule pis l'oeuf
Amis du p'tit joint d' pot
J’ai mis tout l’monde à porte
Faire son ménage comme le disait tout l’ temps… Môman!
Ça fait du bien, ça libère par en d’dans… Môman!
Pis ça fait d’ la place…pour en remettre…autant
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18. |
Crise Identitaire
04:06
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Salut mon nom c’est Jean Racine
Grand-père Joseph, père Adrien
Maudits beaux noms qu’on assassine
Quand on est l’ tout d’à peu près rien
Tout d'abord bon contribuable
D'un plan bancaire pour REER (rire) au max
Maudite belle grande cause pas profitable
D'un sous-produit qui en suce (sus) des taxes
410-600-203
C’est la preuve de mon existence
PCE-110-NOK
Mon code de dossier référence
R-25-05-17
012-PQ-3T4
Les chiffres ça donnent pas d’ sens aux lettres
J’ai ma photo sur toutes mes cartes
Je suis le taux d’un pourcentage
Une cote, une lecture, un barème
Une classe sociale ou un groupe d’âges
Un plan stratégique, un dilemme
Bénéficiaire, consommateur
Une tendance qui se maintient
Je suis l’opinion du lecteur
Une main-d’œuvre, un sans soutien
Dans une économie croissante
Une norme, un vote, une masse, un kit
Mais dans ma société souffrante
Un homme, une femme, une race, un mythe
J’ suis une loterie qui tente sa chance
Une suite de malentendus
Une victime des circonstances
Un sans-logis, une main tendue
La droite du milieu des affaires
Me triste erreur, me trait d’union
Et ma patience légendaire
Me projet d’ loi en réunion
Une conférence dans un colloque
Lors d'un forum, vers un sommet
Pour compenser au geste qui choque
On m'en ramène un autre qui plaît
Un domaine, un secteur, une fiche
Le minimum du salarial
Un syndiqué honnête qui triche
Le jeune urbain d’un vieux rural
Je suis une zone agricole
Où pousse un parc industriel
La forme de penser d’une école
Qui écrit même plus comme ça s’épelle
Je mondialise mon champ d’action
En m'étalant (mes talents) sur des programmes
Et tout mon temps télévision se :
" Bonne nouvelle d’ la p’tite madame "
On m’ sonde, on m’ marge, on m’ statistique
On m’ouvre-boîte de formations
Comme une tranquillité tragique
Je m’en murmure les opinions
Pis ma minorité visible
En majorité silencieuse
Se terre(itoire) indivisible
Dans une lointaine région douteuse
D’où viens-je? Qui suis-je ? D’où j’origine ?
J’en perds de plus en peu ma trace
Plu on m’ projette, moins j’ m’imagine
Moins on m’écrit, plus je m’efface…
Pas bien certain d’ mes origines
Complexe évolution d’ primates
Je manque pas mal de discipline
Pour c’ qui est de retenir les dates
Mais y a des ouï-dire qui se promènent
Que de Cro-Magnon à Adam
J'aurais été de race humaine
Entre 3 millions pis 2000 ans
Salut mon nom est Jean Racine
Grand-père Joseph, père Adrien
Ce sont ces noms que j’assassine
Chaque fois qu’ j’oublie qu’ils sont les miens…
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19. |
L'Attente...
05:23
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Entendez-vous la vieille
Qui appelle son vieux
C'est chaque jour pareil
Seule et il pleut... Seule et il pleut...
Dans l'odeur d'une chambre
Tapissée de photos
Elle contemple novembre
Qui givre l'eau... Qui givre l'eau...
Moins de mots, moins de gestes
Moins de plaisir à aimer Dieu
Et pour tout le temps qu'il lui reste
Sa vie la suivra comme elle peut
Tant d’années de silence
Perdues sans un écho
Un bibelot de faïence
Qu'elle trouve beau... Qu'elle trouve beau...
Trois petits pas de danse
Dans sa tête sans bruit
Lui donne l'espérance
D'être avec lui... D'être avec lui...
Elle oublie tout le reste
Quand elle s'endort à poings perdus
C'est tout c’ qu'on peut faire comme geste
Fermer les yeux quand on n’ croit plus
Entendez-vous la vieille
Qui appelle son vieux
À tous ces jours pareils
Aux autres vieux… Aux autres vieux...
…Aux autres vieux
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20. |
Ô...! Verbe Amour
03:59
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Je t’aime…
Comme l'amour aime le monde
Comme une heure compte ses secondes
Et sous mes yeux lorsque tu passes
J’aime…
Ces lentes manières qui te racent
Je t’aime…
Sans le hasard et sans la chance
Doux comme l’odeur d’une orange
Complices dans cette bande à deux
J’aime…
Quand l’un demande, l’autre le veut
Je t’aime…
Comme un besoin qui vient de l’autre
Comme un aveu pour une faute
Fragiles quand on s'aime un peu moins
J’aime…
Tes yeux velours quand tout va bien
Je t'aime…
Blanc, gris, tout bleu, rose comme l'aube
Quand tu te creux à mon épaule
Aussi coulante que coule l’eau
J’aime….
Les rondes rondeurs de ta peau
Je t’aime au présent du verbe « Amour »
À l’imparfait de je t’aimerai
Au gré du temps qui passe et court
Dans tous les gestes où je serai…
"Je t'aime ! "…"Je t'aime ! "…"Je t'aime ! "
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Jean Racine Québec
L’homme en lui-même est d’abord un personnage, tant dans la parlure que dans la chanson. Pendant plus de 30 ans, Jean Racine a gratté la guitare et joué du verbe et des mots, mais en demeurant un esprit libre de ses mouvements. L'auteur, compositeur et interprète livre son seul album qu’il laisse en guise d’héritage et qu’il a intitulé Le legs. ... more
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